On entend souvent que l’on vient au Népal pour ses montagnes, et que l’on y retourne pour ses habitants. C’est bien ce que l’on pourrait retenir de ce voyage, si l’on devait déjà se lancer dans un bilan, alors que nous sommes en escale à Delhi pour un peu plus de vingt heures. La fin du périple est imminente, notre boucle népalaise est maintenant bouclée, et un premier brin de nostalgie nous rappelle à l’existence de tous ces précieux instants partagés avec des hommes et des femmes si résilients, affables et souriants. Un mois passé comme dans une bulle, un petit monde dans lequel vit une mosaïque complexe de groupes ethniques et de castes, composé de codes qu’il nous est parfois difficile de saisir, mais qu’il est si riche et intéressant d’observer. Un petit monde, surtout, qui constitue le carrefour culturel de l’Himalaya et dans lequel toutes les choses de la vie se partagent, pour le meilleur et pour le pire, avec donc une grande proximité, une étonnante solidarité, et toujours avec gentillesse et hospitalité. Au cours de ces quatre semaines nous avons pu expérimenter la vie traditionnelle montagnarde et ses intemporalités, mais aussi toute l’effervescence de l’immense et mystique Katmandou, dont chacune des ruelles semble offrir une nouvelle aventure. Tout ça dans un florilège de sensations, adouci par la sagesse d’un peuple que l’on ne peut, définitivement, qu’adorer.

Et ce que nous avons également adoré, ce sont nos derniers jours dans la capitale Népalaise. Tout a commencé par un interminable trajet en bus depuis Chitwan, et 150km effectués en 8h… Katmandu se mérite !


Le lendemain de notre arrivée, nous nous dirigeons vers Pashupatinath, temple hindou le plus important du Népal et dédié au Dieu Shiva sous sa forme de Pashupati, le gardien du troupeau. Celui-ci est bordé par les eaux sacrées de la Bagmati et composé de nombreuses pagodes et templions, situés sur les deux rives. Surtout, le lieu est célèbre pour ses ghats de crémation, escaliers en pierre qui descendent vers la rivière et où sont brûlés les corps des défunts, enveloppés d’un linceul. Ces images me rappellent évidement Varanasi, l’équivalent Indien de 

Pashupatinath, au bord du Gange. Des scènes qui invitent à questionner la mort, la vision occidentale que l’on a d’elle, et on ne peut être qu’interrogatif au moment de traverser l’épaisse fumée qui se dégage de ces bûchers, marqués par l’odeur qui s’en dégage, pour accéder aux « grottes des yogis », quelques dizaines de mètres plus loin. 

Dans la foulée, nous nous dirigeons vers le stupa de Bodnath, situé deux kilomètres au nord. Immense et entouré de nombreuses niches accueillant des moulins de prière, il serait le plus grand stupa d’Asie. L’endroit déborde de vie et constitue le centre névralgique de la communauté tibétaine de Katmandou. Nous grimpons en haut d’une terrasse dominant l’immense place et attendons paisiblement la tombée de la nuit, bercés par toute cette agitation et le flux continu de pèlerins, tournant inlassablement autour de ce dôme blanchi à la chaux, toujours dans le sens des aiguilles d’une montre. Au fur et à mesure que le soleil tombe, les lampes à beurre s’allument et rendent ce spectacle un peu plus splendide encore. Nous nous en délectons depuis notre terrasse en savourant de délicieux « momos », petites ravioles tibétaines. Le soleil se glisse maintenant derrière les montagnes dominant la capitale népalaise, et un taxi collectif nous ramène à très vive allure vers notre hôtel situé à Thamel. Nous sommes alors vingt-et-un passagers dans un minuscule fourgon. C’est loin d’être un record au Népal, mais ça suffit à faire notre bonheur ! 


Le lendemain matin, nous nous offrons une belle balade à pied depuis Thamel vers la colline de Swayanbunath. Nous y tournerons autour d’un autre Stupa, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et offrant une vue splendide sur Katmandou. Celui-ci est baigné d’une atmosphère délicieuse, paisible et apaisante. Ce fut le cas jusqu’à l’arrivée d’une horde de singes, avalant tout sur leur passage, notamment les fleurs, fruits, et autres biscuits laissés en offrande aux dieux dans les innombrables petites niches entourant le Stupa. Ils ont leurs entrées ici, le lieu étant d’ailleurs bien souvent renommé « monkey temple ». 


Pour notre dernier jour de visite dans la vallée de Katmandou, nous nous dirigeons vers l’ancienne cité royale de Bakhtapur (13km, 1h de bus). Nous y passerons une journée assez extraordinaire, comme hors du temps, complètement sous le charme de ce village aux ruelles minuscules, aux maisons de briques rouges et aux fenêtres sculptées. Des artisans cisèlent le bois, d’autres tournent des poteries, et leur travail s’expose ici et là dans la vieille ville, dans de petites boutiques dans lesquelles nous voudrions tout acheter ! Le village s’est développé grâce aux marchands qui empruntaient la route commerciale entre l’Inde et le Tibet, avant de devenir une cité royale comptant, à son apogée, 172 temples et monastères. Le plus célèbre d’entre eux est celui de Nyatapola, une pagode à cinq niveau qui culmine à 30m au dessus de la place. Il est splendide, comme tous les bâtiments qui l’entourent, et nous repoussons le plus possible l’heure du retour en bus, pour profiter quelques instants encore de cette atmosphère de village éternel ! 


Allez, une dernière soirée, entamée avec Theo et Mathieu (encore eux !) en partance pour six mois en Inde (comme je les jalouse…) puis une tournée des bars jusqu’au petit matin de manière à ce que la tête soit définitivement pleine de souvenirs (et de migraine). 


Tout cela nous a donc mené à Delhi, pour une très longue escale qui touche maintenant à sa fin. Un dernier avion, quelques derniers mots en anglais, quelques derniers plats trop épicés, et surtout, quelques derniers monts enneigés, le temps d’un magnifique survol de l’Himalaya pakistanais.


Allez, la boucle est définitivement bouclée, retour à la réalité.