23 décembre, nous quittons Munnar et prenons l'un des rares bus quotidiens raliant Udumalpet. Il s'agirait donc de ne pas le rater. C'est le seul bus ne partant pas de la "Bus station" mais d'une ruelle agitée située de l'autre côté de la rivière. Nous n'étions pas passés à côté de l'info, et même si nous arrivons avec dix minutes de retard, la faute aux bouchons obstruant l'entrée de la "cité des thés", notre carrosse de la KSRTC est bien au rendez-vous. Nous apprendrons même qu'il ne partira pas avant 11h, nous avons donc dix grosses minutes devant nous... Soulagement dans les rangs, et Clement part en quête d'un petit déj', quelques gâteaux, du jus de mangue... A peine a t-il disparu dans le bazar entourant le "city market", que notre bus démarre. Un grand classique, mais donnant toujours lieu à une petite panique. Nous faisons de grands gestes au rabatteur, qui comprend aussitôt et avertit le chauffeur. J'en profite pour sauter du bus et cours d'échoppes en échoppes en quête de notre acolyte. Après cinq minutes de courses effrénées et de regards furtifs partout où un Clément affamé aurait pu se cacher, le voici qui réapparaît. On grimpe alors dans le bus qui faisait déjà route vers nous, et cette fois-ci, nous sommes partis ! RAS jusqu'à la gare routière d'Udumalpet, si ce n'est que nous traversons des paysages splendides, d'abord des kilomètres de plantations de thé, puis des parcs nationaux et notamment le Chinnar Wildlife Sanctuary, réputé pour ses tigres et ses éléphants. Les trois heures de trajet sont donc bien vite passées et je réalise que arrivons dans notre gare de transit au moment où je reçois en pleine figure une veste lancée depuis l'extérieur du bus. Petite parenthèse, il faut savoir qu'il n'y a pas beaucoup de règles de politesse en Inde. L'indien n'est en réalité pas malpoli, mais plutôt impoli, au regard occidental de la chose, dans le sens où nos règles bien connues n'existent dans l'ensemble pas ici. Bref, si l'indien est impoli, et donc incapable de respecter une file d'attente (mais d'où vient donc la file indienne ?), incapable aussi d'attendre que le bus se vide de ses passagers avant d'y monter (donnant lieu à de belles scènes de lutte gréco-romaine), et bien aussi dingue que cela puisse paraître mais l'indien est capable de respecter une règle ultime : si sa veste est posée sur le siège, alors celui-ci lui sera réservé, quand bien même il montera dans le bus en dernier. Fin de la parenthèse, retour dans le bus, et surtout retour de la veste dans ma figure...

Voici l'explication : le bus Munnar-Udumalpet repart dans l'autre sens peu après son arrivée. Il s'agit probablement de la dernière tournée du jour, et si, en tassant bien, il y aura de la place pour tout le monde, il est absolument certain que la plupart des passagers voyageront debout. Et trois heures debout au milieu d'une foule compacte dans un bus qui tourne et retourne en direction de Munnar, à 1600m d'altitude, bah ça doit pas être drôle... Voici donc pourquoi quelques dizaines de passagers, sans doute ceux qui avaient les meilleures notes en EPS au collège, se postent une centaine de mètres en amont de la gare routière, surveillant l'arrivée du carrosse, prêts à lui sprinter après en lançant n'importe quoi leur appartenant (veste, sac à dos, petit colis...), le tout avec un grand sourire de manière à mieux amadouer le passager occupant actuellement la place tant désirée, afin qu'il laisse sur le siège l'objet reçu avant de descendre. Un genre de triathlon donc, mêlant course à pied, lancer, et distribution de sourires. Enfin toujours est-il qu'on se fait gentiment canarder, que nous recevons chacun plusieurs objets, ayant différents propriétaires, alors que nous ne possédons qu'un seul siège. Il s'agit donc de faire un choix, à la tête du lanceur... Surtout, il s'agit maintenant d'envisager la descente du bus, et alors que celui-ci n'est pas encore à l'arrêt, des passagers montent déjà par les deux portes restées ouvertes. Assez peu adepte de la lutte gréco-romaine, je préfère opter pour l'option descente par la fenêtre (sachant que notre bus n'en a pas) et j'en profite pour réceptionner l'ensemble de nos affaires. J'attends ensuite patiemment Philippine et Clément, qui se fraient tant bien que mal un passage dans la foule, bien aidés, voire même épargnés, par leur statut de touristes ! On prend cinq minutes pour débriefer la scène, et on saute dans un autre bus, cette fois en direction de Coimbatore (trajet 2h) où nous attend notre train de nuit pour Bangalore (trajet 9h). Nous concernant c'était donc plutôt un marathon ! Mais nous voici bien à Bangalore, ville moderne et en pleine expansion, se disputant le statut de 4ème plus grande ville indienne avec Chennai. C'est ici que nous fêterons Noël, (presque) comme il se doit et au treizième étage d'un immense building. Nous profitons également d'un hôtel confortable pour nous reposer, et faire quelques virées en métro vers le Lalbagh parc ou encore le Bull Temple, dédié au taureau Nandi, la monture du célèbre Shiva ! Allez, nous sommes mercredi 27 décembre, et nous atterrissons à Goa.  A nous la plage et les préparatifs du nouvel an ! Nous en profitons pour vous souhaiter de très belles fêtes de fin d'année ! :)