Après une étape à Lupra, nous prenons la direction de Marpha, vers le sud-ouest, pour fermer la boucle et rejoindre doucement la grande ville de Pokhara. Les paysages changent d’étape en étape, nous quittons le Mustang et ses terres arides en passant par Jomsom, bourgade connue pour ses vents violents, qui soufflent quotidiennement et balayent d’énormes quantités de sable et de poussière. Nous suivons maintenant le lit de la Kali Gandaki, localement appelée « Thak Khola », d’où le nom de Thakali pour les habitants de la région et leur culture. De Jomsom, une piste saisonnière courant jusqu’à Pokhara existe désormais, bien que largement affectée par les nombreux glissements de terrains consécutifs à la dernière mousson. Pour ne pas marcher en compagnie des motos, jeeps et autres bus locaux, nous prendrons, encore une fois, quelques libertés vis à vis du tracé, dans une certaine improvisation… Ainsi, après avoir tourné autour d’une belle colline pour s’éloigner de la route, nous touchons au but et nous nous retrouvons au pied du village de Marpha. Seulement nous sommes du mauvais côté de la rive, il n’y a aucun pont en vue, et la Kali Gandaki enragée n’invite pas à être traversée… On rebrousse chemin sur plusieurs kilomètres, jusqu’à un vieux pont de bois, fragile mais salvateur. Nous le franchissons et repartons donc dans l’autre sens, le bon, vers Marpha, que nous atteindrons peu avant la tombée de la nuit, après une journée entière de marche improvisée. Pour nous consoler, nous découvrons un charmant village historique, entouré d’immenses pommeraies datant d’un projet agricole lancé en 1966 avec beaucoup de succès. L’architecture est typique Thakali, avec d’étroites ruelles pavées, et un gigantesque monastère Nyingmapa, l’école la plus ancienne du bouddhisme tibétain. La guesthouse est top, offrant chambres propres et confortables avec salles de bain attenantes, douches chaudes et toilettes occidentales. Alors pour fêter ça, on s’offre un festin de rois arrosé au cidre, évidemment ! 

Le lendemain, après une petite visite matinale de la ville, nous rejoignons la piste pour y attraper un bus, en direction du village de Tatopani, 44 kilomètres plus bas, où nous reprendrons notre marche. Le bus est évidemment bondé, notamment pris d’assaut par un groupe de népalais venant d’achever un trek autour du lac Tilicho (4920m) et regagnant Katmandou chargés de diverses provisions. Ils arrivent de Jomsom, et passeront donc près de 24h dans le même bus, en grande partie dans des conditions déplorables, à 15km/h de moyenne, au bord du ravin et en slalomant entre d’énormes rochers fraîchement tombés. Nous en ferons l’expérience pendant 3h seulement, et ce sera bien suffisant ! D’autant plus que les places assises étant prises, nous étions tous les quatre entassés dans le couloir central, sur des sacs de pommes, de riz, ou bien d’autres choses encore, pour une expérience secouante mais assez fun ! Enfin nous voici à Tatopani (alt.1190m), dans la vallée la plus profonde de la planète car située entre l’Annapurna I et le Dhaulagiri, tous deux culminant à plus de 8000m et séparés de 38 petits kilomètres. 

Le jardin de la guesthouse où nous nous installons pour la nuit offre d’ailleurs une vue imprenable sur ce fameux Dhaulagiri, 7ème plus haut sommet mondial, et splendide lorsque baigné par un soleil couchant ! Allez, une petite partie de cartes, un bon repas et au lit, car demain c’est reparti ! Direction Ghorepani, 15km plus loin et surtout 1700m plus haut. Une belle journée en perspective, qui sera entamée dès le soleil levé !