Le chemin menant à Ghorepani depuis Taropani n’est à peu de choses près qu’une succession de marches, toutes de tailles, de formes et de matériaux différents, leur seul point commun étant le fait de nous emmener toujours un peu plus haut. Notre trek autour des Annapurnas touche à sa fin, et nous nous offrons donc un dernier baroud d’honneur en altitude, non pas seulement pour le plaisir de l’effort, mais parce que la petite bourgade située à près de 2900m est le point d’accès vers Poon Hill, colline située 300m plus haut et constituant le point de vue clé de notre aventure. Il faudra donc se lever à 4h45, braver de très fraîches températures, des marches, toujours des marches, et enfin attendre patiemment l’entrée en piste du soleil, sur les coups de 6h. Ce dernier découvre alors, par petites touches, quelques sommets enneigés, comme on enlèverait l’emballage d’un cadeau dont on a pendant très longtemps rêvé ! Car c’est bien d’un cadeau dont il s’agit, gâtés que nous sommes par des couleurs d’automne, une mer de nuages, des drapeaux de prières qui flottent au vent, et des sommets enneigés paraissant si proches qu’on pourrait les toucher. Le Daulaghiri, les Annapurnas I, II et III, l’Annapurna Sud, le Machapuchare et son sommet sacré, le Nilgiri Nord, le Gangapurna… ils sont tous là ! Nous avons laissé des petits bouts de notre cœur à leurs pieds, et les souvenirs des jours passés resurgissent lorsqu’on observe maintenant leurs sommets. Tous ces visages, tous ces sourires, et toutes nos plaintes, tous nos rires. Tous ces villages, ces petits tas de maisons, et puis toutes ces leçons ! Parce que pendant près de deux semaines, et même à 5416m d’altitude, nous nous sommes sentis petits. Petits face à l’immensité de ce qui nous a entouré, ces fameux « 8000 » qui nous auront fascinés. Petits, surtout, face à toute la résilience d’un peuple confronté ces dernières années à des séismes, des crises militaires et politiques, des glissements de terrains aux conséquences dramatiques, et bien souvent, là-haut, à des conditions de vie si difficiles. S’il y à quelque chose à retenir de ce tour des Annapurnas, c’est peut être que le confort que l’on prend trop souvent pour acquis à pourtant bel et bien un prix. Nous retiendrons aussi tout le courage et le dévouement des porteurs, la bienveillance et la sagesse des réfugiés tibétains, la sérénité et la générosité des anciens… Toute la solidarité de ce peuple uni, bien que composé de centaines d’ethnies et dont les religions s’entremêlent si naturellement. C’est donc riches de tout ça que nous quittons Poon Hill, pour redescendre vers Pokhara et sa vallée, au prix d’une interminable descente (des marches, encore des marches). Cap sur Nayapul, où nous attraperons un bus marquant la fin de notre Trek, et quelque part le début des vacances ! Car nous resterons trois jours à Pokhara, au bord du lac, profitant de la douceur, du calme, de la verdure de cette grande ville offrant une large gamme d’hôtels et de restaurants de qualité et bon marché. Nous pourrons donc recharger les batteries et soigner les pieds abîmés, avant de prendre la direction du parc national de Chitwan, au plus près de la frontière indienne, pour tenter d’apercevoir rhinos, éléphants, crocos…