Nous quittons Muktinath, dont le temple et le sanctuaire constituent les plus importants sites de pèlerinages de tout l’Himalaya pour les hindous. Nous croisons d’ailleurs de très nombreux indiens, certains ayant même fait le déplacement depuis le sud de leur pays !  Je les reconnais grâce à leur moustache (en général les hommes seulement) et parce que j’ai passé quelques mois à les découvrir. Fidèle à lui même, le riche indien, à peine descendu du taxi et même vaillant, enfourche une bête qui le déposera juste devant la porte du temple, à peine deux kilomètres plus loin. S’il n’est pas l’ami des animaux, il s’allongera sur une sorte de brancard et sera porté par quatre courageux népalais. Ah, le riche indien considérant l’effort physique comme réservé aux pauvres, que de souvenirs… Ils sont bien plus d’un milliard, mais pourtant par encore prêts à briller aux J.O ! Même en équitation d’ailleurs, car quelle drôle d’image que celle de ces hommes, ventripotents, si fiers et pourtant si maladroits sur des bêtes à peine plus grandes que des poneys, guidés par un népalais marchant à leurs côtés en tenant la longe. Il est bien sûr sévère de mettre plus d’un milliard d’indiens dans le même panier, mais là, le cliché est respecté !

Allez, revenons-en à l’objectif du jour : rallier le petit village de Lupra, non loin du légendaire royaume du Mustang, dont le nom tibétain « Mun Tang » signifie « terre fertile ». Cette région, interdite aux étrangers jusqu’en 1992, est d’ailleurs très proche du Tibet voisin par la culture et la langue. Très protégée, elle se visite aujourd’hui uniquement dans le cadre d’un voyage organisé et moyennant l’achat d’un permis à 500$ pour 10 jours… Nous n’y entrerons pas, mais l’étape du jour nous donnera une vraie idée de ce à quoi le mustang peut ressembler, avec ses très hauts plateaux et ses terres arides et désertiques. Changement de décor donc, au cours d’une balade de 13km durant laquelle nous avons souhaité sortir des sentiers battus… Nous nous sommes donc perdu à de nombreuses reprises, parfois remis sur le droit chemin par des éleveurs de yaks ayant eux-mêmes égaré leurs bêtes… Au prix de quelques demi-tours nous obligeant à remonter plusieurs centaines de mètres de dénivelé alors que l’étape du jour devait être composée de descente uniquement, nous finissons par rejoindre Lupra (alt.3000). On y trouve des maisons traditionnelles à toits plats, en raison des faibles précipitations et permettant de faire sécher bois, fruits, piments, pois… Notre guesthouse est entourée de pommiers, et l’accès à notre chambre, à l’étage, se fait au prix d’un beau slalom entre les grandes rangées de rondelles de pommes à sécher. Le wifi est très capricieux, l’eau est froide seulement, mais l’aubergiste est adorable et très arrangeant. Nous ferons en sorte de l’être aussi, notamment en commandant un seul ou au maximum deux plats différents pour quatre, comme c’est de coutume de faire sur le circuit des Annapurnas. L’altitude est bien plus faible que lors des étapes précédentes, les températures remontent, notamment la nuit, et le sommeil est donc bien meilleur pour nous quatre !