En ce dimanche nous terminons notre semaine chez Amma. Amma en quelques mots c'est une figure spirituelle hindou - un guru donc - mais dont la seule religion, dit elle-même, serait l'amour. Amma est née étrangement bleue, couleur du Dieu Krishna dont beaucoup considèrent qu'elle en serait l'avatar, l'incarnation sur terre. Amma a montré dès son plus jeune âge des tendances mystiques, et propose un riche enseignement spirituel notamment basé sur des méditations, des pratiques dévotionnelles, du yoga... Surtout, Amma a toujours lutté avec une force assez irrationnelle contre les injustices, les inégalités.

Allez, pour les plus sceptiques voici du concret : Amma, via son ONG, c'est 46000 maisons construites en Inde, 3 millions de patients soignés gratuitement depuis 1998, 1 million d’arbres plantés, 10 millions de repas servis gratuitement par an, une aide financière à plus de 69000 veuves et personnes en situation de handicap, 70 millions de dollars débloqués pour les catastrophes naturelles... Le tout orchestré par des bénévoles ! Il a donc fallut rassembler, et pour ça, Amma, elle a un secret... L'amour, évidemment, via des étreintes comme une mère ferait à ses enfants. Des étreintes qui constituent sa bénédiction et qui sont appelées "Darshan".

Des étreintes comme pour réconforter l'humanité, comme un message universel d'amour et de tolérance. La spécialité d'Amma c'est donc la compassion. Elle a offert son Darshan à près de 35 millions de personnes à travers le monde, au cours de cérémonies qui durent parfois plus de 20h d'affilées. Bref, vous comprendrez qu'il est difficile de résumer son œuvre. 

Toujours est-il que son ashram, sa petite communauté qu'elle a créé dans le village où elle est née, accueille aujourd'hui 3000 résidents permanents et 15000 visiteurs par an, venus du monde entier. Nous ferons partie de ceux-là ! Sacrée expérience... 

D'abord nous serons logés au 14ème étage d'un immeuble qui en comprend 15, donnant vue sur la lagune d'un côté, sur l'océan indien de l'autre. Belle entrée en matière. Pour une somme très, très dérisoire nous serons ainsi nourris, logés, si besoin soignés, et surtout, donc, câlinés ! 

Mais parce que c'est une communauté, et que ce sont ses membres qui la font fonctionner, nous seront gentiment invités à effectuer un "seva", ou service désintéressé. Pour nous ce sera vaisselle, chaque soir, 20h30-23h, au sein d'une petite équipe pleine de bonne volonté.


Et entre deux casseroles nous parlerons des fois anglais, d'autres espagnol, et même français. Bref, ça n'avait pas grand chose d'une corvée ! 

Car ici il y a des indiens, des occidentaux, des habitués, des baroudeurs, des résidents, des visiteurs, des gens perdus, en quête d'utopie, des gens curieux, qui resteront pour la vie, des gens abîmés, d'autres favorisés, des gens éveillés, et d'autres aux prémices de toute spiritualité... Ainsi, dans cette bulle de bienveillance où l'on voudrait que les étreintes guérissent les maux, on s'offre des sourires, persuadés qu'ils valent souvent bien plus que des mots. L'atmosphère est sereine, les gens sont amicaux, chacun son rythme, la tolérance est le maître mot. 

Ensuite, l'ashram d'Amma c'est une plongée au cœur de l'hindouisme. Nous assisterons à des bajhans, chants dévotionnels, et vivrons aux rythmes des nombreuses cérémonies et rituels. De quoi poursuivre notre apprentissage, en immersion. 

Enfin, et surtout, nous recevrons à deux reprises le fameux Darshan. Des instants singuliers qui résonneront différemment en chacun. Une constante : des secondes comme une éternité et des souvenirs à jamais. Comme seuls avec le guru, indescriptible, alors cela restera entre Amma et nous. 

Pour résumer, notre expérience à l'ashram fut très, très enrichissante, parfois troublante, assurément apaisante. Samantha en retiendra des tonnes de questionnements, légitimes, car ici il n'y eut rien d'anodin... 

Et c'est donc en toute décontraction que nous nous apprêtons à reprendre notre route à travers les backwaters. Trois heures de bateau, deux heures de bus, direction Trivandrum, capitale d'état. C'est de là-bas que nous prendrons l'avion pour le Sri Lanka. Les deux pays ne ce sont pas quittés bons amis, auquel cas nous aurions pu nous rendre à Colombo en ferry. Mais pas de voie maritime, donc, et la grande île, majoritairement bouddhiste, nous accueillera pour deux jours, le temps de réactiver mon VISA. Car l'arrivée à Delhi, avec Clément, c'était il y a bientôt trois mois maintenant ! Le temps passe vite et nous rappelle à l'existence de tous ces bons moments déjà vécus ici. Allez, il y en aura tellement d'autres, c'est pas fini !