Nous vous proposons ci-dessous le résumé d'une semaine qui nous emmènera vers Delhi, la folle capitale où nous rejoindra la non moins folle Harmonie, avec qui nous nous lancerons pour trois semaines à l'assaut de l'Inde du nord.

Au programme : découverte de l'architecture époque coloniale à Shimla, ambiance décontractée et activités de plein air à Rishikesh, initiation au bouddhisme tibétain dans les contrées du Dalaï-lama, frissons assurés au Golden Temple, haut lieu saint de la religion Sikh, passage au pays des maharajas via la ville rose de Jaipur, et enfin romantisme démesuré au Taj Mahal. 


En attendant, cette semaine, c'était donc ça :


Jeudi 23 : journée consacré à la visite des grottes d'Ajanta, situées à 110 km au nord d'Aurangabad. Celles-ci, uniquement bouddhiques, sont creusées dans la paroi d'une gorge rocheuse en forme de fer à cheval. Le site en lui-même est déjà à couper le souffle, mais nous serons encore un peu plus subjugués par les fresques et sculptures qu'il renferme.

A noter, ces sanctuaires, redécouverts par hasard par les Anglais en 1819 lors d'une partie de chasse au tigre, datent pour les plus anciens du deuxième siècle avant notre ère… Stupéfiant !

Retour à Aurangabad en jeep, le chauffeur nous faisant un prix intéressant… sans doute parce qu'on était treize dedans.


Vendredi 24 : allez cette fois direction Ellora, toujours pour des grottes classées au patrimoine mondial de l'Unesco, mais plus uniquement bouddhiques car également hindoues et jaïnes.

Leur coexistence sur le même site est d'ailleurs tout un symbole et témoigne de l'histoire religieuse de l'Inde entre 600 et 1000 après J.C.

Le jeu du jour consistera donc, dans chacune des 34 grottes, à recenser ce qui pourra nous indiquer à quel culte appartient le sanctuaire en question… Intéressant !

Intéressant, aussi, de s'arrêter près d'une heure dans la grotte 16, à savoir le temple de Kailash. Sans doute l'un des plus beaux monuments que l'on ait pu voir en Inde, il s'agirait surtout de la plus grande sculpture monolithique du monde !

7000 ouvriers y ont œuvré pendant 150 ans, notamment pour évacuer les 200 000 tonnes de roches creusées au marteau et au burin. Fascinant !


Samedi 25 : journée de transit comme on les aime. D'abord trois heures de train en wagon "général", c'est à dire sans réservation, et donc sans siège attribué. De la folie pure.

Des dizaines et des dizaines d'indiens s'engouffrent dans un wagon déjà débordant et nous tentons tant bien que mal de suivre le mouvement. Ou plutôt on se laisse porter. Enfin pousser quoi...

Je grimpe le premier, je regarde derrière moi et j'ai toute la peine du monde à apercevoir Samantha. Mais elle est bien là, son gros sac à dos trône encore au dessus du vide lorsque le train redémarre...

Des indiens, amusés de nous voir, nous-mêmes, amusés par la situation, se plieront alors en quatre pour qu'elle puisse me rejoindre, deux mètres plus loin, au prix d'un bel effort.

C'est parti pour trois heures, debout au milieu du couloir, nos sacs en pyramide entre nous deux, et sans la place de ne bouger ne serait-ce qu'un pied. 

Alors on vous laisse imaginer notre étonnement, nos éclats de rire, puis nos contorsions, lorsque les premiers vendeurs ambulants pénétreront dans le wagon...

Armés de grosses bassines pleines de boissons fraîches sur les épaules, nous les verrons donc enjamber, ramper, escalader, pousser...

De vrais fous, et ça tombe bien, nous voici en gare de Madman. C'est ici que nous attraperons notre correspondance pour Agra, avec, sans surprise, deux heures de retard. Enfin deux heures de plus ou de moins, quand on s'apprête à passer quinze heures dans un train...

Et puis surtout, sans encore le savoir, nous nous apprêtons à vivre ce qui sera sans doute pour longtemps notre plus belle aventure dans les transports indiens. Et pour cause, nous étions entourés de sacrés aventuriers...


D'abord dans notre petit compartiment il y avait un adorable couple goanais, fraîchement marié et parti pour une trentaine d'heures de train jusqu'à Delhi, puis presque une dizaine de plus jusqu'à la station himalayenne de Manali. Et tout ça pour une lune de miel, c'est beau l'amour ! 

Ensuite, il y avait le très bienveillant Charchill (à prononcer comme Winston) qui avec ses amis de l'école de droit du Kerala se rendait à la cour suprême de Delhi. 44 étudiants, ici et là dans les différents compartiments, l'ambiance ne pouvait être que bon enfant ! Eux ont embarqué la veille à 13h, et n'arriveront que le lendemain à 15h... 50h dans le même wagon, record à battre !

Puis il y avait un homme d'une cinquantaine d'années, des difficultés de langage, peut être limité, mais d'une bonté qui sert de leçon. Difficile à comprendre, d'autant plus sans un mot d'anglais, mais si facile à apprécier ! Il passera bien du temps à veiller sur le compartiment entier, et surtout sur notre petite mamie adorée. 

Cette dernière, qui n'avait pas de couchette attitrée car sensée descendre peu après la nuit tombée (le retard cumulé en décidera autrement), refusera fermement que quiconque lui laisse la sienne. Par contre, dans l'autre sens, Sam n'avait plutôt pas intérêt à refuser le repas qu'elle tenait à lui faire partager... Notre mamie était à deux doigts de l'engueuler, en hindi - certes avec un immense sourire et des yeux emplis de sagesse - mais quand même... 

Et puis tout est bien qui fini bien, notre bon samaritain précédemment cité lui dégotera une paillasse lui permettant de s'allonger sur le sol, au milieu du compartiment, à sa plus grande satisfaction.


Avant ça, nous aurons veillés jusqu'à deux heures du matin, entre fous rires et discussions enflammées, avec Charchill traduisant mamie, et de nombreux curieux venus remplir notre compartiment devenu trop petit. Bref, on a fini par dormir un peu, puis à se quitter lors d'un ultime échange bien chaleureux !


Dimanche 26 : nous voici donc à Agra, et prenons la direction de l'hôtel qui, d'après nos bouquins, offre la vue la plus imprenable sur le Taj Mahal. Ils disaient vrai mais omettait de parler des souris se baladant dans certaines chambres... 


Lundi 27 : changement de demeure puis journée off, ou presque, on planifie les semaines à venir depuis notre agréable toit-terrasse. On se délecte ainsi du Taj, la septième merveille du monde moderne qui paradoxalement car étant un mausolée musulman, demeure l'une des fiertés nationales, à la quasi-unanimité.

Pour la petite histoire, le Taj Mahal fut édifié par un empereur moghol pour recevoir le corps de sa troisième épouse, morte en mettant au monde leur 14ème enfant. Mais l'empereur sera renversé par son fils, jeté en prison, avant de mourrir quelques années plus tard et d'être finalement inhumé aux côtés de sa femme. 


Mardi 28 : programme de la journée : Taj Mahal, encore, et sous toutes ses coutures. Pour cela nous nous rendons dans les jardins du Mehtab Bagh, de l'autre côté de la Yamuna, le fleuve bordant le mausolée.


Nous tentons l'expérience du velo-ricksaw, et sommes tiraillés entre l'image de ce vieillard ayant quelques peines à pédaler pendant que nous sommes assis sur son large et confortable "porte bagages", et l'idée qu'en même temps cette course lui permettra sans doute de manger le soir même...


Mercredi 29 : direction la capitale, quinze minutes de tuktuk, trois heures de train jusqu'à Delhi-sud, une heure de bus jusqu'à l'immense gare ferroviaire du centre. Manque de bol notre hôtel est situé de l'autre côté, il nous faudra donc traverser les 16 voies via une passerelle de plusieurs centaines de mètres ! Allez on se pose un peu puis direction l'aéroport en métro ; pour près de vingt jours, l'aventure se jouera à trois !