Après Amritsar et son temple d'or, nous avons quitté le Punjab pour faire un tour express dans les montagnes de l'Himachal Pradesh.

Et pour cela rien de plus simple : un premier bus pour Pathankot (100km - 3h), un deuxième pour Dharamsala (135km - 4h), un dernier pour Mc Leod Gang (10km - 30min).

Et nous voilà enfin sur les terres d'exil d'une communauté tibétaine fort accueillante et arrivée ici dans les années 60 en compagnie de son leader spirituel (et politique), Sa Sainteté le Dalaï-lama. Nous visiterons évidemment son palais, bien modeste comparé à son ancienne demeure de Lhassa, aujourd'hui massivement envahie par les Chinois. Ainsi, entre deux magnifiques randonnées (néanmoins fraîches et brumeuses) nous observerons avec attention le mur présentant les portraits d'une centaine de tibétains - dont beaucoup de moines - qui se sont immolés par le feu au cours de ces dernières années. Au total, l'invasion aurait fait plus d'un million de morts depuis 1949.

Nous resterons trois jours dans ce petit village perché à près de 2000m, et non loin de sommets à 5000, avant de prendre, cette fois-ci, la direction de Shimla, un peu plus au sud mais toujours dans les contreforts de l'Himalaya. 

Et là encore, rien de plus simple : 7h30 de bus, assis et de nuit, pour parcourir... 230km !

Soit une vitesse moyenne à peine supérieure à celle d'un TER en grève... Soit, surtout, de quoi avoir de croustillantes anecdotes à vous raconter en rentrant, mais que l'on taira pour l'instant !

Bref, nous voilà rendus, avant le soleil, à 2200m d'altitude, dans ce qui fut à l'époque du Raj britannique, la capitale d'été de l'empire. 

Au programme, donc : admirer de belles demeures à l'architecture victorienne, flâner dans les boutiques d'un centre-ville fort agréable, et enfin grimper, bien couverts, vers un temple dédié au dieu singe où l'on pourra nourrir bon nombre de ses congénères. Tout ça le temps d'une journée avant de repartir, le lendemain, de plus belle ! 

Au menu : d'abord 5h30 à bord d'un "toy train" classé au patrimoine mondial de l'Unesco et qui traversera pas moins de 103 tunnels très étroits, puis 1h de bus pour un retour éclair à Chandighar, où nous attendra notre train de nuit pour les portes du Rajasthan.

Après 10h sur de bons rails nous atteindrons finalement Jaipur, où j'avais déjà eu le plaisir de m'arrêter en novembre avec Clément. Nous y visiterons les forts des environs, et nous perdrons dans les dédales de ruelles et bazars du vieux centre.

Allez, le Taj Mahal nous tend désormais les bras. Direction Agra, donc, pour un joyau dont le propre créateur, l’empereur Moghol Shah Jahan, disait qu’il «faisait verser des larmes au soleil et à la lune».


Chanceux que nous sommes, ce monarque à la folie des grandeurs sera célébré le jour de notre arrivée. Nous aurons donc droit à une première visite gratuite, à condition de rejoindre l’entrée du monument avant sa fermeture. Nous jetons les sacs à l’auberge et courrons 1km plus loin. Une fois l’immense porte en grès rouge passée, le Taj se dévoile enfin, et avec lui ses minarets, ses jardins, des tonnes de marbre par endroit finement sculpté, et des milliers de pierres précieuses, ici et là incrustées. Il est incontestablement le plus majestueux des monuments dédiés à l’amour, en l’occurrence celui d’un empereur pour sa femme préférée, décédée en 1631 en donnant naissance à leur 14ème enfant... La petite histoire dit que le deuil dura deux ans. Elle dit aussi que Shah Jahan convoqua un architecte perse et tua sa fiancée. Comprenant alors la douleur de l’empereur, l’architecte fut capable d’imaginer le Taj. Après dix-sept années de dur labeur, le même homme eut les mains coupées et la vue ôtée, afin qu’il ne soit plus capable de reproduire une œuvre d’une telle beauté. Une petite histoire parmi tant d’autres... Ce qui est certain aujourd’hui c’est que le Taj Mahal semble flotter entre terre et ciel. Mais le temps nous manque et la foule est incroyable en ce jour de gratuité. Ce n’est que partie remise, rendez est pris dès l’aube, le surlendemain. D’abord nous ferons un tour à Fatehpur-Sikrī, au sud-est d’Agra, magnifique cité fortifiée autrefois capitale de l’empire Moghol, sous le règne d’Akbar. Ce dernier, lui-même descendant de Gengis Khan, n’était autre que le grand-père de Shan Jahan, le commanditaire du Taj. Nous passerons une bonne partie de la journée à Fatehpur, sous 40 degrés, en compagnie de deux français rencontrés dans le bus, Pierre et Olivier.

Le premier cité se bat actuellement contre cette terrible maladie qu’est la tourista, et nous lui adressons nos plus sincères pensées...

Trêve de plaisanterie, le réveil sonne, il est 6h, et la 7ème merveille du monde moderne n’attend que nous. Enfin pas vraiment, car en réalité nous n’y serons pas les premiers. Rien d’étonnant, elle accueille chaque année plus de 4 millions de touristes.

Le temps d’une matinée nous l’admirerons donc encore un peu et la capturerons dans nos plus beaux clichés. Nous sommes le 17 avril et trois semaines viennent de s’écouler. Trois semaines et des kilomètres au compteur, près de 3000 probablement. Trois semaines indiennes, de galères, de rebondissements, et tellement de bons moments. Puis comme pour finir en beauté, Harmo découvrira, sur la route de Delhi, les joies du train indien en catégorie «général». Soit trois heures d’une véritable bataille rangée, que l’on finira par gagner... Je serai allongé sur une planche de bois destinée aux bagages, sous le plafond, et les filles poseront finalement un bout de fessier sur une banquette bondée qui plie mais ne rompt pas. Hop, voici Delhi, que l’on se surprend désormais à apprécier, malgré son boucan, sa pollution, sa poussière, et ses bouchons... Ah l’Inde et ses secrets !

Allez, on prend, à nouveau, le métro vers l’aéroport, de manière à mieux boucler cette grande boucle nord-indienne. C’est l’heure, Harmo, 19kg sur le dos - dont beaucoup de nos achats qui s’accumulent depuis maintenant plus de cinq mois - s’enfonce dans le terminal numéro 3. 

Nous reprenons notre chemin à deux, sans vraiment savoir où il nous mènera. Une seule certitude : une étape à Varanasi, l’ancienne Bénares.