Nous voilà donc au Népal, petit pays comprenant au moins autant de montagnes que de légendes et enclavé entre les deux géants que sont la Chine et l’Inde, dont il dépend économiquement. On découvre ainsi une nation constituée d’une vraie mosaïque d’ethnies, que l’on distingue presque aisément. Parmi les 30 millions d’habitants (population multipliée par 3 sur les 60 dernières années) deux grands groupes : le tibeto-birman-népalais, et l’indo-népalais. Surtout, on parle ici 75 langues ou dialectes différents, sur un petit territoire d’environ 200km du nord au sud, et 800km d’est en ouest.

Pour la petite histoire, au commencement le Népal se résumait à la vallée de Katmandou, soit un immense lac habité par un serpent. Un sage venu de Chine s’y arrête alors pour méditer et décide d’y construire une cité. Il tranche la montagne en deux pour assécher la vallée, et hop, Katmandou est née. Bon pour les hindous le vieux sage chinois prend le visage du Dieu Shiva... Car au Népal comme chez le voisin - et pas toujours copain - indien, la religion est omniprésente. On retrouve ici 80% d’hindous, plus de 10% de boudhistes, près de 4% de musulmans et une poignée de chrétiens. A noter, l’hindouisme et le bouddhisme cohabitent très largement, pour parfois se confondre... Le Népal est d’ailleurs connu pour être l’un des rares pays à n’avoir jamais vécu de guerre de religions ! 

Mais la petite enclave connaît néanmoins d’autres problèmes... Et bien qu’elle paraisse peut être moins inégalitaire que le sous-continent, elle est sans doute plus pauvre encore. Ainsi, le Népal est marqué par un système éducatif peu développé (3/4 des enfants ne fréquentent que l’école primaire), des trafics d’êtres humains (des jeunes filles sont vendues par leurs familles à des maisons closes indiennes, et de jeunes hommes deviennent des esclaves modernes sur les chantiers quataris de la coupe du monde 2022) ou encore une condition de la femme déplorable (la première cause de mortalité féminine étant le suicide...). A cela s’ajoute une grande instabilité politique, marquée par le massacre de la famille royale en 2001, et une insurrection maoïste qui aura fait plus de 13000 victimes ces 15 dernières années, dont les 2/3 seraient en fait imputable à la police et à l’armée. Enfin depuis peu le calme semble revenu, même si la nouvelle constitution, qui devait être signée en 2015, à d’abord été reportée pour cause de bagarre générale au parlement...

Surtout, comme si ça ne suffisait pas, le Népal tout entier a été touché le 25 avril 2015 par un immense séisme dont il peine encore à se remettre. La vallée de Katmandou fut touchée de plein fouet, et l’on estime le nombre de victimes à 8500. 25% de la population totale est affectée de près ou de loin, jusqu’au camp de base de l’Everest, à 5500m d’altitude, dévasté par une gigantesque avalanche, d’une taille équivalente à celle d’un immeuble de 50 étages !

Voilà donc pour un premier côté de la carte postale... Autant de problématiques dont il faudra bien avoir conscience car, durant le mois que nous passerons ici, nous n’aurons pas forcément l’occasion de toutes les observer. Nous risquons en effet d’être davantage subjugués par la faune, la flore, les paysages et toute l’hospitalité des népalais...

D’ailleurs, nous avons commencé notre petit tour par la région du Teraï, une bande étroite située entre la frontière indienne et les contreforts de l’Himalaya, qui accueille près de 40% de la population totale du pays. Première étape : Lumbini, la ville de naissance du Bouddha ! Car le bouddhisme, qui, comme le Jaïnisme présent en Inde, s’inscrit dans un mouvement de réaction au système de castes et à la puissance des Brahmanes, est bien né au Nepal. Il s’est ensuite exilé vers le sud, et le sous-continent, où il n’a en fait jamais vraiment trouvé son «public» (1% seulement de la population indienne, dont de nombreux exilés tibétains). Le Bouddhisme est donc repartit «d’où il est venu», à savoir le Népal, et s’est surtout étendu vers l’Asie de l’est. 

Toujours est-il que Lumbini est aujourd’hui un lieu de pèlerinage sacré pour les 600 millions de bouddhistes du monde entier, quelque soit leur courant, à savoir «Petit Véhicule» (Tibet, Népal, Sri Lanka... ) ou «Grand Véhicule» (Chine, Mongolie, Corée, Japon, Vietnam...). 

En 1967, le secrétaire général de L’ONU, le birman U’Thant, entame la restauration de tout le site sacré de Lumbini, en le plaçant sous l’égide de l’Unesco. L’idée est alors de créer une capitale universelle du Bouddhisme, où chaque pays qui le souhaite pourra bâtir un temple dans son propre style architectural. 

Le temps d’une journée, au terme de laquelle le podomètre affichera tout de même 18km, nous nous promènerons donc sur l’immense site, au fil des temples, parfois grandioses (Chine, Corée, Japon), très colorés (Népal, Cambodge...), ou très inattendus (Allemagne, Canada, France). 

Allez hop, première étape express terminée, dès le lendemain matin nous prendrons la route de Sauhara, toujours dans la région du Teraï, mais bien plus à l’est et au cœur du parc national du Chitwan. De bien belles perspectives donc !