Un petit résumé de nos dernières aventures, entre vie sauvage, pluies diluviennes et belles randonnées... 


Mercredi 2 mai : trois bus, un rickshaw, et nous voilà à Sauhara, principale porte d’entrée du Parc National de Chitwan. Nous découvrons notre guesthouse, et malgré la nuit déjà tombée, nous ne manquons pas d’admirer le jardin fleuri et très soigné. A cela s’ajoute une chambre coquette et un staff presque trop dévoué... Allez, on s’empresse de «booker» pour une nuit supplémentaire. Ce après quoi le propriétaire des lieux nous apprendra qu’il est vivement déconseillé de se promener dehors après 22h, pour cause de présence d’animaux très sauvages... A titre d’exemple : 88 attaques mortelles causées par des tigres depuis 1979 autour du parc... Ah, bah elles vont être longues finalement ces quatre nuits ! 


Jeudi 3 mai : première balade dans le village, où, sur la rue principale, déambulent nonchalamment des éléphants, guidés par leurs cornacs et entres lesquels slaloment voitures, vélos, calèches... Bref, charmant ! Après s’être perdus dans les campagnes environnantes et avoir essuyé quelques averses, nous prenons un verre au bord de la rivière. Cette dernière marque l’entrée dans le parc national, et ça se voit...

Car à quelques dizaines de mètres de nous, sur la rive qui nous fait face, se repose un groupe de crocodiles des marais et de leurs cousins aux museaux allongés, les gavials. Juste avant de rentrer, toujours depuis la terrasse de notre bar, nous apercevrons au loin un ours lippus, sans doute l’espèce la plus à craindre de la réserve. Car en effet, le «sloth bear» s’attaque à l’homme et surtout il court, grimpe... Bref, difficile de lui échapper ! Notre bon vieux guide du Routard préconise, si on croise la bête lors d’une visite dans le parc, de s’en éloigner lentement, sans courir. Hum, facile à dire... Sinon, plus téméraire : lui tapoter le nez avec un bâton... Bah bien sûr ! Dernier recours, et ce sont des guides expérimentés qui nous l’apprendront : à deux, trois ou quatre suivant les forces en présence, former une sorte de boule humaine, tout en tapant du pied sur le sol. Si vous êtes seuls, vous pouvez toujours essayer le striptease, en priant pour que l’ours soit trahit par son odorat... 


Vendredi 4 mai : nouvelle balade, de bonne heure, sur un sentier bordant la rivière, côté village. Après à peine dix minutes de marche nous assistons, stupéfaits, au bain d’un rhino ! Moins de trente mètres nous séparent alors de lui... Nous apprendrons peu de temps après que 2 des 500 rhinocéros unicornes que compte le parc ont grandit aux abords du village et ne s’en éloignent jamais.

Le plus jeune des deux, orphelin, fut recueilli, nourri et protégé par des guides. Tous les efforts pour le réintroduire au cœur de la réserve sont ensuite restés vains. Il est donc connu ici comme le loup blanc, et surnommé «le bébé», pour le différencier de son congénère bien plus âgé qui traîne lui aussi parfois près du village. Un bébé de plusieurs tonnes, tout de même, qui, paraît-il, n’a jamais chargé personne ! Et heureusement d’ailleurs parce qu’il a été photographié deux jours avant notre arrivée sur le parking de la guesthouse... 

Enfin ce fut donc une balade pleine d’intérêt, conclue par un petit bain avec les éléphants, dans la rivière. Celle-là même où l’on avait aperçut de beaux crocodiles la veille, quelques centaines de mètres en amont. Allez, on va faire confiance aux locaux...

Plus tard dans la journée nous reprendrons le même sentier, en espérant être aussi chanceux. Et nous le seront ! Nous apercevrons à nouveau le rhino, un peu plus loin, mais également de bien beaux oiseaux et quelques cervidés. 

Là ou nous serons moins chanceux, c’est que sur le retour, nous essuierions une sacrée tempête... Quinze minutes de course à travers les grêlons et les tôles volantes, en pleine cambrousse, pour enfin se mettre à l’abri à la guesthouse. Après avoir évacué la couche d’eau infiltrée dans notre chambre, nous tenterons d’aider le staff à rassembler tout ce qui a pu s’envoler... Nous observerons surtout, peinés, le pauvre jardinier faire un rapide état des lieux. Le travail de plusieurs semaines baignait dans des marres d’eau... Le propriétaire de la guesthouse arrivera un peu plus tard, avec femme et enfant : une partie du toit de sa maison, située à 10km de là, venait de s’envoler... 

Enfin nous avons malgré tout passé une belle soirée, partageant un repas népalais avec la petite famille, le staff, et les autres clients, en l’occurrence un couple de français bien sympathique. Le tout aux chandelles, évidemment. Ni le patron, ni le jardinier n’avaient en fait l’air trop dépités. Et pour cause, ils nous expliqueront, photos à l’appui, que ce genre de phénomène est fréquent ici. L’année dernière presque à la même période, la guesthouse baignait dans un mètre d’eau... Et la mousson n’arrive que dans deux mois ! 


Samedi 5 mai : réveil aux aurores, aujourd’hui nous franchissons la rivière ! Plus qu’en jeep (trop bruyant), qu’à dos d’éléphant (trop maltraitant), nous avons choisi l’option, paraît-il plus risquée, de la journée de marche. Pour cela nous avons dû, la veille, demander un permis (13€/pers.) et louer les services de deux guides (40€), le premier se positionnant à l’avant du groupe, et le second à l’arrière. 

Bon on s’est d’abord dit qu’autant de précautions c’était surtout pour faire marcher le business, qu’un guide aurait amplement suffit, qu’il ne pouvait pas nous arriver grand chose... Bah on se trompait ! Et déjà après 4km de pirogue au milieu des crocos pour se retrouver en pleine jungle, on commençait à comprendre. Puis durant le long briefing relatif à la marche à suivre en cas de rencontre avec telle ou telle bestiole, on a eu la confirmation qu’il y aurait un peu d’action, et qu’il fallait mieux être attentif ! Car en effet, lorsqu’après trente minutes de marche dans les marécages on a vu surgir un spécimen de deux tonnes, on était bien contents de savoir, alors qu’il prenait notre direction, que la meilleure des choses à faire était de grimper dans un arbre... Car un rhino lancé à 40km/h, difficile de le semer...

Si ce n’est, peut être, en zigzagant tout en laissant une à une ses affaires derrière soi, puisque paraît-il, cet animal, à défaut de bien voir, à un odorat très développé. Et puis quand bien même nous avons une grande confiance en nos guides, ils ne sont armés que d’un... bambou !

En tout cas, si dans l’observation de la faune sauvage il y a des jours avec et des jours sans, on a vite compris qu’on allait vivre un jour avec, et sans doute que la tempête de la veille n’y était pas étrangère. Au total, nous verrons pas moins de 8 rhinocéros unicornes. Et à chaque fois le même rituel, on se met à l’abri, on observe, et on redescend lorsque l’animal est parti. Sauf qu’à deux reprises le rhino nous surprendra avant que l’on ait eu le temps de se percher... Autant vous dire qu’on a jamais couru puis grimpé aussi vite de notre vie ! 

Après le huitième rhino nos guides ont enfin estimés qu’il était temps de changer de zone, pour passer des marécages à la brousse. Pfiouuu pas mécontents ! Mais l’adrénaline commençait à peine à redescendre qu’à quelques dizaines de mètres du sentier nous distinguons, au dessus des broussailles, le dos d’un éléphant sauvage. Et là une seule et unique consigne : partir silencieusement avant que l’animal ressente notre présence. Rien ne sert de se cacher sur une branche, l’éléphant, d’une part est très grand, et d’autre part est bien capable de faire tomber un arbre s’il le décide... Nous fuyons donc en trottinant, suivis de nos guides, sans oublier de jeter quelques brefs coups d’œil derrière nous, juste au cas où... Nous tenterons finalement d’apercevoir plus longuement ce mâle solitaire depuis la tour d’observation en haut de laquelle nous prendrons le déjeuner.

Sans succès. La sieste, à l’ombre des 35 degrés, fut quand même bien méritée ! 

L’après-midi sera plus calme, bien que nous verrons quelques cerfs, de beaux oiseaux, des sangliers, une mangouste... A noter, quand même, nous tomberons sur la carcasse d’un lapin, vraisemblablement, selon nos guides, tombé sous les griffes d’un léopard. Surtout, nous resterons scotchés sur place en entendant l’énorme feulement d’un tigre du Bengale. Ce prédateur d’un naturel peureux s’attaque en fait plutôt rarement à l’homme (malgré des chiffres qui ne plaident pas en sa faveur). Autrement dit il est bien plus facile de l’entendre que de l’apercevoir. Nous passerons donc près d’une heure à scruter l’horizon, en vain. Un peu plus loin, enfin, nous tomberons sur les traces d’un ours lippus. Son passage remonte probablement à ce matin. Ouf, il ne doit déjà plus être dans le coin ! 

Allez, il est 17h, et nous nous dirigeons tranquillement vers la rivière, pour regagner le village. Quelle journée ! Des (grosses) frayeurs, des rires en éclats, des découvertes... le tout au plus près de la vie sauvage. De quoi se sentir tout petit, et en même temps bien grandi par cette riche expérience ! Merci à nos deux guides, franchement passionnants. Et puis un seul ça aurait été un peu juste finalement...