Après six mois sur les routes indiennes, notre arrivée au Népal et en particulier à Pokhara nous offre comme un petit goût de vacances... Alors nous ne retrouverons pas ici tout le charme de l’immense voisin, mystique et millénaire, nous bousculant jusque dans notre conception de l’espace-temps. Mais en revanche, si l’Inde semble rester entière et plus qu’elle même face à l’afflux de voyageurs, bien réparti sur son grand territoire et auxquels elle ne fait pas franchement de cadeaux, le petit pays qu’est le Népal donne quant à lui tout ce qu’il peut dans l’accueil des touristes. Son charme est donc tout autre, mais il est bien là ! Autrement dit, si l’Inde, on la déteste ou on l’adore, le Népal en général on l’aime bien ! Et si les deux pays sont voisins, on pourrait néanmoins passer des heures à les comparer. Bon pour faire bref, ce qu’on retient déjà du Népal, c’est que c’est COOL !

Un exemple (le meilleur !), on a redécouvert ici un plaisir perdu depuis notre étape à Goa, celui de boire une bière au son d’un live de reprises internationales ! Et puis ici pas de rabatteurs et commerçants champions du monde de harcèlement, pas de professionnels de la mendicité ayant pris option théâtre et arnaque... 

Enfin bref, nous voilà à Pokhara, bordée par le lac Phewa au sud et encerclée par des massifs enneigés au nord. Sur 30km, l’altitude passe de 1000m à plus de 7500m !

Entre deux journées nuageuses nous nous délecterons donc d’un panorama incroyable sur l’Annapurna Sud (7219m), les Annapurnas I, II, III, et IV (entre 7525 et 8091m) ou encore sur le Machapuchare (6997m) et son sommet triangulaire interdit aux alpinistes, ce qui en fait la seule montagne vierge du pays. 

Pokhara est donc évidemment une destination phare pour les aventuriers en quête de treks, notamment avec le fameux «tour des Annapurnas», 12 jours de marche et des passages à 5000m d’altitude, ou encore, plus accessible, le trek de l’ABC, qui mène comme son nom l’indique (en anglais et à l’envers) au camp de base de l’Annapurna, perché à 4100m.

Jeremy, de Paris, et Alex, son acolyte allemand, avec qui nous partagerons une bière au bord du lac, en reviennent tout juste : leur récit, ponctué d’anecdotes croustillantes, nous a bien régalé ! 

Mais pour nous pas de trek donc, plutôt une semaine COOL. En effet, après plusieurs mois à vivre entre 25 et 40 degrés, on était pas franchement équipés pour fouler la neige... Ce n’est que partie remise, et puis il a plein d’autres choses, quand même, à faire à Pokhara !

Ainsi au programme : tour de vélo, belles randos, visite de la vieille ville, ou encore... repos !


Allez il est déjà temps de repartir. Après le massif de l’Annapurna, on se rapproche de celui de l’Everest, plus à l’est, via la capitale de toutes les légendes, un temps religieuses, un autre hippies, Katmandou !

Et pour y parvenir, pas une seule voie ferrée à l’horizon mais de très, très nombreux «tourist bus», qui constituent pour nous, après des mois en Inde, une vraie révolution ! Ils offrent une place assise bien confortable à chacun, et ne s’arrêtent pas dans chaque village mais seulement toutes les deux heures pour une petite pause fraîcheur. Sur le papier ça nous fait rêver ! Bon en réalité, et le séisme n’a rien arrangé, les routes népalaises sont très escarpées, encombrées, abîmées, voire défoncées, voire inexistantes, voire... Enfin bref, de Barjavel on savait les chemins de Katmandou périlleux, et des années plus tard et loin de tout roman, la route ne fut pas qu’une partie de plaisir... 

Rendez-vous au Tourist Bus Park de Pokhara à 7h, pour un départ à 7h30. 200 petits kilomètres nous attendent. À 11h, après une belle avancée à flanc de montagne dans un décor superbe, c’est le début des embouteillages. À 12h, alors que nous sommes presque à l’arrêt, le bus est secoué de part et d’autre, dans un immense fracas. Une épaisse fumée pénètre par les fenêtres entrouvertes. Légère panique dans les rangs, un des pneus de notre carrosse de luxe vient d’exploser. 30 minutes d’arrêt, au bord du ravin, le temps pour notre petit mécano de jouer du cric puis de resserrer les boulons de tout son poids. C’est reparti, toujours dans les bouchons. 13h, pause déjeuner. Le temps d’avaler le fameux «dal baht» népalais, cousin du «thali» indien, nous voici de retour sur le parking.

Oui mais voilà, notre bus n’est plus là, parti, emportant avec lui une soixantaine de sacs bondés. Deuxième légère panique dans les rangs. Les plus optimistes diront que notre duo chauffeur-mécano s’est lancé à la recherche d’une nouvelle roue de secours. Ils auront raison. Après une heure d’attente notre carrosse est de retour. C’est reparti. 16h30 pause pipi. 18h nous apercevons, en contrebas, la vallée de Katmandou. Superbe spectacle ! 

Après un trajet de 10h30, pauses comprises, pour parcourir 200km, nous touchons au but. 

L’entrée dans Katmandou est surréaliste. Un nuage de pollution à faire tousser un indien, une couche de poussière si épaisse que l’on différencie difficilement les pommes des mangues. Pourtant, sur le bord de la route, les marchants semblent parvenir à les vendre. Et puis quel trafic, même si, fort heureusement, l’automobiliste népalais est bien plus discipliné que son homologue indien. Le tout sur fond d’abris de fortunes et de pauvreté. Rien à voir, pourtant, avec les scènes de grande misère indienne. C’est plutôt un chaos heureux, en fait. 

Passés les faubourgs nous voici dans le quartier animé de Thamel. C’est ici que nous poserons les sacs pour près de 10 jours. Au programme : Katmandou, sa vallée, ses temples boudhistes et hindous. Les pieds dans la boue, les yeux vers l’Everest !