Et voilà Pushkar ! Comme un petit village bâti autour d'un lac dont les eaux lavent les péchés. Repère hippie depuis les sixties, c'est surtout un lieu hautement sacré pour les hindous, car on y trouve le seul temple dédié à Brahma, Dieu de la création, le premier de la Trinité (avec Vishnou et Shiva, le destructeur). Un pèlerinage ici en vaut donc cent ailleurs, et il est délicieux d'observer les nombreux rituels ayant lieu sur les 52 ghats entourant le petit lac. Nous multiplions les allers-retours dans les petites ruelles, déambulons entre boutiques et templions, profitons de savoureux repas sur des rooftop offrant des vues imprenables sur l'agitation des ghats, desquels d'incessants chants hindous remontent et inondent l'ensemble du village. Pushkar sera aussi l'occasion pour nous, la fin du voyage approchant, de faire quelques emplettes... La plupart d'entre elles seront effectuées dans la même boutique, et ponctuées d'âpres négociations, auprès d'un charmant vendeur qui aurait mérité une bonne retraite depuis bien longtemps ! Nous repartirons avec de quoi combler l'espace restant dans les sacs (petits miroirs havelis, plaques émaillées vintage, statuettes en bois et en tout genre...). Surtout, notre vendeur étant aussi peintre à ses heures perdues, il nous personnalisera une batte de cricket que nous avions acheté à Bundi. Et enfin, car décidément bourré de talent, il nous jouera même un peu d'harmonium, en poussant la chansonnette, au moment du départ ! Un petit régal ! 

Allez, mercredi 10 janvier, 9h30, nous prenons un premier bus vers Ajmer, où nous en trouverons un second, vers Jaipur. Nous passerons donc le restant de la journée dans la capitale du Rajasthan, d'où nous repartirons dès le lendemain matin. Nous aurons quand même le temps d'arpenter les grandes artères rectilignes, certaines construites en grès rose, et d'autres simplement repeintes de la même couleur en 1875, pour la venue du Prince de Galles. Cela donne en tout cas un rendu superbe, avec un centre-ville à l'architecture remarquable et aux reflets ocres et dorés. Le tout surplombé par d'immenses forts, et notamment celui d'Amber, à quelques kilomètres au nord-est. Nous ne manquerons pas d'admirer le Jal Mahal, palais abandonné et flottant sur les eaux du lac Man Sagar, ou encore l'Hawa Mahal, palais des vents, n'étant en fait qu'une simple façade, étroite, mais permettant au 19ème siècle aux femmes du harem royal d'observer la rue sans être vues. Nous passerons également par le Jantar Mantar, l'observatoire astronomique du 18ème siècle, bâti par le Maharaja Sawai Jai Singh II, passionné, et dont l'un des cadrans solaires permet de déterminer l'heure à deux secondes près ! Une fois le soleil couché, nous rejoindrons... Clement, qui remonte de Goa via Bombay, et qui passera quelques jours à Jaipur, notamment pour assister au mariage de son ami Shanki, rencontré il y a quelques semaines lors de son premier passage dans la ville rose. Nous sommes également conviés à la cérémonie, ou plutôt aux cérémonies, car le mariage se déroule sur quatre jours... Mais malheureusement nous serons déjà rentrés, et d'ailleurs, en ce jeudi 11 janvier, nous devons filer vers Delhi. Nous sautons du lit à 7h15, pour un train prévu à 7h45. Le timing s'annonce très serré, mais on y croit ! Cinq minutes de marche dans les artères encore endormies et anormalement calmes du vieux Jaipur, puis quinze minutes de métro, et de nouveau cinq minutes de marche vers Jaipur Junction. Quelques instants pour passer les dispositifs classiques de sécurité de la gare (les bagages sont scannés mais en général personne ne les regarde passer, et il faut empreinter des portiques qui parfois sont éteints...) et nous voilà, pile à l'heure, sur la plateforme n°1. On est pas peu fiers de nous, mais bien-sûr le train, pourtant parti une heure plus tôt, cumule déjà 25 minutes de retard. Le voilà enfin, et il s'agit de l'équivalent indien du TGV, une fierté nationale, souvent prise en photo par les locaux sur les quais de gare. Il faut dire que bon nombre de leurs trains sont ceux laissés par les Anglais au moment de l'indépendance, en 1947... Il fallait donc bien un peu de renouveau. Bon, vitesse maximale observée lors de notre trajet : 129km/h... On ne battra donc pas de record de vitesse, mais pour un trajet en Inde, c'est excellent ! Et nous voilà donc déjà, 3h30 plus tard, à Delhi, 294km plus loin. Il s'agit de nos deux dernières journées, et on va en profiter à fond ! C'est parti !